Dans notre nouveau scénario de base fondé sur les renseignements en date du 26 juin 2025, les tarifs douaniers bilatéraux entre les États-Unis et le Canada atteindront un sommet au deuxième semestre de l’année. Ils diminueront ensuite graduellement d’ici le deuxième semestre de 2026, à mesure que des accords commerciaux devraient être conclus. Les tarifs américains sur d’autres pays suivront une tendance semblable, ce qui réduira davantage la demande mondiale à court terme. Cette situation aura une incidence sur l’économie canadienne en 2025. Après une récession probable mais modeste cette année, le produit intérieur brut devrait commencer à se redresser au début de 2026. Notre scénario de faible croissance se trouve dans le tableau des prévisions ci-dessous.
Trois facteurs contribuent déjà à ce ralentissement et continueront de le faire à court terme :
- Pressions sur les prix
- Baisse de la demande
- Incertitude
Le contexte commercial et les répercussions possibles des évènements géopolitiques feront remonter l’inflation. Cette dernière atteindra un sommet légèrement supérieur à 3 % d’ici le milieu de 2026. Le taux de chômage devrait aussi augmenter quelque peu d’ici l’automne. Nos renseignements sur le marché confirment que l’incertitude est généralisée.
Pour les entreprises touchées directement et indirectement par les tarifs, la baisse de la demande et des revenus provenant de l’étranger continuera de réduire la demande de main-d’œuvre, ce qui affaiblira le marché du travail. L’incertitude accrue ralentira aussi les investissements. De plus, les perturbations des chaînes d’approvisionnement découlant de l’incertitude entourant la politique commerciale et de la hausse des tarifs seront coûteuses et feront monter les prix. Pour les ménages, la perspective de pertes d’emplois et de hausse des prix continuera de freiner la consommation. Malgré des coûts et des conditions d’emprunt plus favorables, l’achat d’une habitation ne sera pas épargné par cette incertitude.
En plus de ces pressions économiques, les perspectives d’inflation demeurent supérieures à celles du scénario de croissance moyenne des Perspectives du marché de l’habitation, malgré la probabilité d’une modeste récession. Par conséquent, notre point de vue sur le taux directeur n’a pas changé. Ce taux devrait diminuer légèrement en 2025 et augmenter à compter de 2027 jusqu’au point médian de la fourchette neutre. Entre-temps, les rendements des obligations et les taux hypothécaires ont été inférieurs à nos prévisions au premier semestre de 2025. Nous nous attendons également à ce qu’ils demeurent inférieurs aux prévisions mentionnées dans les Perspectives au deuxième semestre de l’année. Les taux hypothécaires fixes de 5 ans augmenteront graduellement pour atteindre un taux à long terme de 5,5 %. Les taux hypothécaires variables, liés au taux directeur, continueront d’être plus attrayants pour les acheteurs.
Nos perspectives démographiques sont demeurées inchangées. Les cibles d’immigration réduites seront atteintes graduellement et ralentiront la croissance économique au cours de la période de prévision.
Un marché de l’habitation moins dynamique en 2025 commencera à se redresser l'année prochaine
L’activité sur le marché de l’habitation s’est affaiblie depuis janvier. De nombreux acheteurs et promoteurs d’habitations adoptent une approche attentiste dans un contexte de ralentissement de la croissance économique et de tensions commerciales persistantes. Les marchés de la revente ont ralenti, surtout en Ontario et en Colombie-Britannique, tandis que l’Alberta montre des signes de ralentissement. L’activité dans le secteur de l’habitation au Québec a ralenti moins que dans d’autres régions du Canada, soutenue par l’élan accru du marché et la confiance des acheteurs qui se stabilisera. Dans l’ensemble, nos prévisions actuelles sur le logement en 2025 cadrent de plus en plus avec le scénario de faible croissance des Perspectives du marché de l’habitation à court terme, ce qui met en évidence les risques négatifs croissants sur les perspectives.
Les prix des habitations baissent dans les régions où la demande s’est affaiblie et où les inscriptions ont augmenté. Nous prévoyons maintenant que le prix moyen des habitations au Canada diminuera d’environ 2 % cette année. Des baisses plus importantes seront enregistrées en Ontario et en Colombie-Britannique, où les prix élevés et la baisse de l’activité des investisseurs sur le marché des copropriétés continuent de peser sur la demande. Nous nous attendons à une reprise en 2026, à mesure que les facteurs fondamentaux de l’économie et la confiance s’amélioreront. Toutefois, les mises en chantier d’habitations devraient réagir plus lentement, car les promoteurs demeurent prudents et les conditions de financement demeurent tendues.
La construction de logements collectifs demeurera élevée par rapport aux données historiques, mais des variations régionales demeureront. La construction demeurera généralement forte au Canada atlantique, dans les Prairies et au Québec. En revanche, les mises en chantier diminueront fortement en Ontario et en Colombie-Britannique. Les prix élevés des logements, la hausse des coûts de construction et la faible confiance des investisseurs pèsent lourdement sur la construction résidentielle, en particulier les copropriétés. De nombreux ensembles de copropriétés sont retardés, annulés ou convertis en logements locatifs. Les promoteurs n’atteignent pas leurs cibles de vente sur plan, et les stocks invendus augmentent. La baisse des prix et le resserrement du crédit créent des risques pour les acheteurs. Ces défis devraient demeurer jusqu’en 2025.
La construction d’immeubles de faible hauteur fera face à des défis semblables, surtout en Ontario. Cependant, des gains modestes sont attendus au Québec, au Manitoba et en Alberta. Les maisons jumelés et les maisons en rangée s’avèrent plus résilients dans des régions comme la Colombie-Britannique.
Les conditions du marché locatif continueront de s’assouplir graduellement tout au long de la période de prévision, à mesure qu’un nombre élevé de logements neufs s’ajoute au marché et que la demande s’affaiblira. La forte hausse des achèvements de logements locatifs et de copropriétés fait monter légèrement les taux d’inoccupation dans les grands centres du Canada. Bien que les loyers continuent d’augmenter, les hausses sont inférieures à celles des dernières années. Le ralentissement de la formation de ménages, la baisse de l’immigration et l’affaiblissement du marché du travail exercent aussi des pressions à la baisse sur la demande de logements locatifs.
Le manque d’abordabilité demeure un obstacle majeur pour de nombreux acheteurs potentiels, surtout dans les marchés où les coûts sont élevés. Les coûts du prêt hypothécaire devraient demeurer élevés, même avec de modestes baisses du taux directeur, ce qui offrira peu de répit aux acheteurs. Cette situation s’explique par le retour des taux hypothécaires à leur écart historique supérieur au taux directeur de la Banque du Canada, après une période où les écarts étaient exceptionnellement faibles. Les tarifs actuels sur l’acier, le bois d’œuvre et d’autres matériaux de construction maintiennent aussi les coûts de construction à des niveaux élevés, ce qui nuit à l’offre de logements. Il en résulte un contexte à court terme où de nombreux ménages n’ont toujours pas les moyens de s’acheter un logement et où les constructeurs hésitent à entreprendre de nouveaux chantiers.
Le marché canadien de l’habitation est dans une période de rajustement. L’affaiblissement de la croissance économique, combiné à la baisse de l’afflux de population et à l’incertitude persistante liée au commerce, contribue au ralentissement du marché en 2025. Toutefois, nous nous attendons à ce que les conditions se stabilisent davantage en 2026, à mesure que les tensions commerciales s’atténueront, que les taux hypothécaires baisseront et que la demande se redressera lentement. L’amélioration de la conjoncture économique devrait aider le marché de l’habitation à revenir graduellement à une trajectoire plus équilibrée.