Notes d’allocution pour Romy Bowers, Présidente et premiere dirigeante, Société canadienne d’hypothèques et de logement
Cambridge (Ontario)
Seul le texte prononcé fait foi
Depuis le dernier forum Northwind, le secteur du logement a connu une année intéressante et pleine de défis.
C’est un euphémisme, tout le monde l’aura compris!
En effet, alors que nous sortons de la pandémie et commençons à rebâtir nos vies et notre économie, la situation du logement au Canada est devenue l’un des enjeux déterminants de notre société.
Nos recherches révèlent que, pour atteindre l’abordabilité d’ici 2030, le Canada aura besoin de construire 3,5 millions de logements de plus que ceux qui sont déjà prévus.
Autrement dit, l’offre ne répond pas à la demande, et ce, depuis longtemps.
Ce constat peut sembler simpliste, surtout pour un public averti comme celui réuni ici, mais il n’y a rien de simple dans cette situation.
Par exemple, d’autres voix s'élèvent pour demander de mettre l’accent sur les mesures liées à la demande plutôt qu’à l’offre. Si l'on se concentre sur l’offre, il faut s’interroger sur le type d’offre à proposer.
À cet égard, nous hésitons souvent entre plusieurs directions. Que faut-il prévoir : un plus grand nombre de maisons individuelles? de logements locatifs? de logements communautaires ou sociaux? ou de places d’hébergement?
Nos chercheurs ont constaté à nouveau que toutes ces réponsess’appliquent. Nous avons besoin de plus de logements de façon générale.
Ce besoin généralisé s’explique par le fait que le logement existe sur un continuum. Si une pression à la hausse sur les prix s’exerce à un endroit du continuum, sur les logements locatifs du marché par exemple, les prix montent partout ailleurs. En conséquence, les gens sont obligés de chercher un logement d’entrée de gamme alors que leurs finances vont en souffrir, ou de rester dans des logements locatifs subventionnés plutôt que de déménager dans un logement du marché.
Le résultat est le même : la hausse des prix à n’importe quel endroit du continuum aura des répercussions générales.
En fin de compte, la clé pour rétablir l’abordabilité est de créer plus de logements à vendre et à louer, dans toutes les gammes de prix.
Nous devons donc encourager la construction résidentielle. Mais, en parallèle, nous devons également trouver des moyens d’améliorer notre façon de le faire.
Une séance est prévue plus tard aujourd’hui sur les obstacles à l’offre de logements neufs et la façon dont nous pouvons les surmonter grâce à l’innovation. Je pense que cette discussion sera passionnante, en partie parce que le secteur du logement y accordera, et devra y accorder, énormément d’attention si nous voulons rendre le logement à nouveau abordable.
Nous devons également mettre l’accent sur les partenariats, car nous ne pourrons pas atteindre nos objectifs seuls.
Pour bâtir un système de logement meilleur et plus juste au Canada, nous devrons adopter une approche concertée. Nous devons tous nous mobiliser autour de cette cause nationale et trouver de nouvelles façons de collaborer à tous les niveaux du système de logement. Par « nous », j’entends tous les ordres de gouvernement, les communautés autochtones, le secteur sans but lucratif et le secteur privé.
Exploitons nos points forts!
À la SCHL, en tant qu’organisme du gouvernement fédéral, notre force à nous c'est de pouvoir orienter et soutenir les autres acteurs, en facilitant leur travail.
Nous menons des recherches avancées pour cerner les lacunes, les tendances et les possibilités.
Nous pouvons encourager l’action, que ce soit en changeant les politiques et les procédures ou en apportant un soutien financier direct.
Nous avons récemment annoncé un exemple concret de ce type de mesures. Le Fonds pour accélérer la construction de logements est un programme de 4 milliards de dollars qui encourage les administrations municipales à améliorer les processus et à réduire les formalités administratives afin d’accélérer la construction d’un plus grand nombre de logements. Il vise la création de 100 000 logements partout dans le pays, mais les améliorations procédurales qu’il soutient devraient continuer de porter des fruits bien après la fin du programme.
Cet exemple de collaboration entre les ordres de gouvernement permet concrètement d'ouvrir de nouveaux chantiers.
Le Fonds fait partie de la Stratégie nationale sur le logement du gouvernement fédéral, qui est désormais un plan de plus de 82 milliards de dollars, en partie grâce aux engagements budgétaires majeurs de l’an dernier. Le budget de 2023 continue sur cette lancée.
Mais nous reconnaissons également que le gouvernement – tous les ordres de gouvernement – ne résoudra pas cette situation seulement avec des programmes. Nous devons aussi tirer parti de l’énergie des secteurs sans but lucratif et privé.
Le secteur financier a déjà pris d’importantes mesures pour apporter sa contribution. Au cours des deux dernières années, la Banque de Montréal, la Banque Scotia et la Vancity Community Investment Bank ont pris un engagement totalisant plus de 22 milliards de dollars en financement durable pour soutenir le logement abordable au cours des 10 prochaines années.
Cet engagement représente une réelle proposition de valeur.
Soutenir le logement abordable au Canada est compatible avec les objectifs environnementaux et sociaux ainsi qu'avec les objectifs de gouvernance et de responsabilité sociétale des entreprises. Autrement dit, c’est pour elles l’occasion de se montrer socialement responsables.
Mais vous savez aussi bien que moi que ce n’est pas qu’une question d’apparence. Investir dans le logement, c’est investir dans un pays meilleur, plus stable et plus prospère. C’est investir dans l’avenir. C’est investir dans les gens.
Je remercie Northwind d’avoir organisé ce forum. Et merci de votre participation! Ce type de dialogue est fondamental pour le Canada, et je suis heureuse de nous voir réunis dans ce but.