Le processus lié à la construction de logements  collectifs peut prendre jusqu'à 7 ans 
La construction résidentielle est un processus qui commence par la  conception et l'aménagement d'un immeuble. Cette phase peut prendre de 3 à 5 ans, selon  le type d'immeuble résidentiel. Elle nécessite de réaliser les plans, les  documents et les études nécessaires pour passer aux étapes de l'examen, de la  délivrance des permis et de l'approbation. 
Notre Enquête  sur l'utilisation des terres et la réglementation municipale connexe montre  que le processus d'examen et d'approbation par les municipalités canadiennes prend  en moyenne 1 année complète pour les logements collectifs. Ce délai peut  s'avérer beaucoup plus long dans les grands centres urbains, où la demande est  la plus forte. Les villes de Vancouver et de Toronto enregistrent les délais  d'approbation les plus longs, suivies de Montréal. 
Une fois ces étapes franchies, la construction peut commencer. Un  de nos récents Rapports sur l'offre de logements (PDF)  (voir le tableau 3) porte sur le temps qu'il faut pour construire des  logements partout au pays. Dans le cas des logements collectifs, on a constaté  que la période de construction s'étend  sur 1 à 2 ans, de la mise en chantier à l'achèvement. Au Canada,  il faut donc en moyenne de 7 à 8 ans pour construire un immeuble de  logements collectifs, comme des appartements destinés à la location. 
Le  processus de filtrage améliore l'abordabilité du logement, mais il peut prendre  jusqu'à 20 ans
La plupart des gens pourraient penser que c'est à ce stade que nous  pouvons offrir des logements abordables, mais ce n'est pas le cas. Environ 95 %  des habitations au Canada sont des logements du marché. Ces derniers sont  conçus pour être offerts à un loyer ou un prix égal ou semblable à ceux du  marché, une fois achevés. 
C'est lorsqu'un logement est achevé que le filtrage commence. Grâce  au processus de filtrage, les logements du marché deviennent avec le temps de  plus en plus accessibles aux ménages à revenu faible ou moyen. Notre  recherche la plus récente (PDF) explique ce phénomène graduel du filtrage. D'après  nos conclusions, il faut jusqu'à  20 ans pour que l'effet de la hausse de l'offre de logements du marché se  fasse pleinement sentir, autrement dit pour qu'elle fasse baisser les prix. 
Du moment de la conception d'un ensemble résidentiel jusqu'à ce que  le filtrage rende les logements abordables, il faut de 25 à 30 ans au  total. Il faut tout ce temps pour les logements neufs soient achevés puis  offerts sur le marché, puis pour qu'ils aient un effet à la baisse sur les  loyers ou les prix. C'est beaucoup trop long pour les personnes à la recherche  d'un logement abordable au Canada. Et c'est beaucoup trop long pour mettre fin à  la crise du logement actuelle. 
La figure ci-dessous illustre le processus complet de production de  logements du marché et le temps qu'il faut pour que les prix réagissent à la hausse  de l'offre. 
Le logement social et abordable est utile, mais ne  réglera pas tous les problèmes 
À ce stade, il serait facile de dire : « Construisons des  logements sociaux, cela ne prendra que 7 ans au lieu de 30! » Cette  hypothèse semble logique, mais elle reflète une idée fausse très répandue.  L'ajout de logements sociaux aurait certainement des avantages, mais  permettrait-il de régler la crise? Essayons de répondre à la question. 
En moyenne, dans  les pays membres de l'OCDE, environ 7 % du parc résidentiel est composé de  logements sociaux (PDF) (en anglais seulement). Dans l'Union européenne, la  proportion est d'environ 8 %. Selon les données du recensement et les  calculs de la SCHL, les logements sociaux représentent environ 3,5 % du  parc résidentiel au Canada. Nous disposons donc d'une bonne marge  d'amélioration. 
Il faut  575 000 logements sociaux supplémentaires pour atteindre la moyenne  de l'OCDE
Le pourcentage de logements sociaux dans le parc résidentiel du  Canada est loin de la moyenne des pays de l'OCDE. Pour l'atteindre, il faudrait  créer 575 000 nouveaux logements sociaux pour la population  canadienne. C'est le double du nombre de logements sociaux qui existent  actuellement au pays. 
Pour atteindre la moyenne de l'Union européenne, il faudrait créer  environ 750 000 logements sociaux. L'ajout d'un si grand nombre de  logements abordables aiderait certainement la population canadienne. Mais ce  serait nettement insuffisant pour résoudre la crise actuelle selon toutes les  estimations de l'offre de logements requise, y  compris la nôtre. 
Il faut du temps et une offre équilibrée de  logements neufs dans toutes les gammes de prix 
Les chiffres susmentionnés ne doivent pas nous décourager. Comme  je l'ai souligné dans un article précédent, les progrès graduels contribuent grandement à rétablir l'abordabilité du logement au Canada. Cependant, nous devons reconnaître (et en quelque sorte, acceptons) qu'il n'y a pas de solution miracle à la crise. Il faut du temps pour que les prix des logements du marché baissent, et le logement social n'est pas une panacée, peu importe ce qu'on en dit. Pour progresser vers la normalisation du secteur de l'habitation, nous avons besoin d'une offre équilibrée de logements neufs dans toutes les gammes de prix.