(Musique : fondu en ouverture)
(Visuel : Le logo du Gouvernement du  Canada et le logo de la SCHL apparaissent ensemble. Une série d’images  illustrant des logements au Canada.)
(Visuel : Deux personnes sont  représentées en conversation. Ils sont assis l'un en face de l'autre à une  table de réunion. Les deux personnes sont Charles Sauriol, Communications et  marketing, SCHL, et Kevin Hughes, Économiste en chef adjoint, SCHL.)
00:00:02
CHARLES: Le marché locatif du Canada a une  incidence importante sur les personnes, les collectivités et l’ensemble de l’économie  de notre pays. Selon le recensement de 2021, il y avait 5 000 000 de  ménages locataires, soit environ un tiers des Canadiens qui sont locataires. Le  Rapport sur le marché locatif de la SCHL présente une analyse approfondie pour  les grands centres du Canada. Il fournit également l’analyse et les  renseignements les plus complets sur les marchés locatifs primaire et secondaire.  Bonjour. Mon nom est Charles Sauriol et je suis heureux d’être ici aujourd’hui  pour animer cette discussion sur le marché locatif au Canada. Avec nous, notre  économiste en chef adjoint, Kevin Hughes. Bonjour, Kevin.
(La musique s’estompe.)
00:00:43
KEVIN: Bonjour.
00:00:44
CHARLES: Alors, commençons par les  chiffres. On parle de 1,5 %, de taux d’inoccupation à l’échelle nationale.  On parle aussi d’une hausse de 8 % du loyer moyen par rapport à l’année précédente.  Donc, on parle de chiffres significatifs. Est-ce que tu serais capable de nous  donner un aperçu un peu plus précis de ce que ça représente pour le marché  locatif au Canada?
00:01:11
KEVIN: Oui, tout à fait. Les chiffres, les  ratios sont remarquables, mais ne devraient nullement nous surprendre, parce  que depuis quelques années, dans nos rapports annuels sur le marché locatif et  aussi les résultats de l’enquête des mises en chantier et nos autres analyses, ça  fait plusieurs années que l’on a averti d’une convergence de la demande et une  offre qui a du mal et, en ce moment, ne parvient pas à égaliser le niveau de la  demande. Au niveau de la demande, elle vient de plusieurs sources. D’abord, notons  la source démographique, par exemple. Bon, il y a, au niveau des gens qui sont  déjà au Canada, l’évolution, le vieillissement de la population. Donc, il y a  des jeunes qui arrivent sur le marché de l’emploi, ont des emplois et regardent  pour un logement. Il y a aussi les personnes plus âgées, propriétaires par  exemple, qui sont prêts à passer d’une situation de propriétaire à locataire, d’aller  en appartement, quoi, parce que ça convient mieux à leurs besoins. Donc, on a  tout ce phénomène qui s’opère, pas juste. Au début, c’était plus dans l’Est du  Canada qu’on le voit, mais on le voit maintenant plus au centre comme phénomène.
00:02:27
CHARLES: D’accord.
00:02:27
KEVIN: Donc, ce n’est pas négligeable. On a,  bien entendu, le phénomène de l’immigration qui met une pression additionnelle  sur la demande. Il y a une conjoncture économique qui est favorable pour le  nombre d’emplois. Donc, on a des gens qui ont des emplois qui cherchent des  logements. On a aussi le facteur d’abordabilité. Au lieu d’avoir d’acheter une  maison, bien, c’est évidemment plus facile, entre guillemets, tout est relatif,  mais d’avoir un logement locatif. Donc, on a ça aussi qui met une pression  additionnelle sur la demande. Donc, beaucoup de facteurs du côté de la demande.  L’offre, on peut dire que dans certains endroits du pays, elle est en  croissance, mais absolument pas suffisamment pour égaliser, pour ramener une  situation à l’équilibre.
00:03:21
CHARLES: On parle d’équilibre, mais on  parle aussi d’abordabilité. Comment tout ça a un impact sur l’abordabilité,  pour le commun des mortels?
00:03:41
KEVIN: Oui. L’abordabilité est de plus en plus  un enjeu pour, bon, on vous l’avait dit, on a une hausse qui avoisine le 10 %  et puis il y a des salaires, des revenus qui n’égalisent pas ce niveau, ces hausses,  surtout quand on parle de logements plus abordables ou de gens qui sont dans  une situation à plus faible revenu. C’est un enjeu de plus en plus important.  Non seulement pour les gens qui ont déjà un logement, et ça on le voit dans les  arrérages qui sont en augmentation, mais pour les gens qui arrivent sur le  marché nouvellement locataires et qui cherchent un logement vacant. Un, c’est  rare et, deux, le prix est bien au-delà du prix pour un même logement qui a déjà  été occupé pendant plusieurs années. On en parlera peut-être tout à l’heure de  ça.
00:04:24
CHARLES: Mis à part le portrait à l’échelle  nationale, qu’est-ce qu’on voit dans les grands centres, par exemple?
00:04:31
KEVIN: Le phénomène selon lequel on a eu  beaucoup de facteurs de demande et une offre qui ne suit pas est  particulièrement le cas dans les grands centres. Mais je dirais que les autres  centres de population moyenne ou plus faible n’y échappent pas non plus. En  tant qu’économiste, quand on regarde un chiffre ratio national, on se méfie  tout le temps parce qu’on essaie de dire : bien, est-ce qu’il y aurait pas…  est-ce que c’est pas en train de cacher des divergences? Dans ce cas-ci, il  arrive que non. C’est quelque chose. On a un portrait relativement uniforme. Si  on regarde les résultats de 2022, où on avait des taux d’occupation à travers  le pays qui étaient entre, bon, 1, 2, mais qui allaient des fois jusqu’à 4 %,  en 2023 c’était plutôt entre 1 % et 2 %. Donc, un peu partout au  Canada, ç’a augmenté de un ou deux points de pourcentage, ce qui est quand même  important quand on l’impact sur les gens. Oui, on parle beaucoup des grands  centres parce que ce sont nos grands centres de population, puis les enjeux  sont particulièrement importants étant donné le niveau relatif des loyers. Et  ça, ça pourrait avoir un enjeu sur la migration dans les années à venir, parce  qu’à un moment donné, quand les gens ne peuvent tout simplement plus se payer  un logement, bien, ils vont regarder ailleurs et ça pourrait avoir un impact à  ce niveau-là.
00:06:02
CHARLES: En plus, on parle du seuil d’abordabilité  ou un seuil de disponibilité à 3 %. On ne voit pas ça, entre autres,  actuellement.
00:06:18
KEVIN: Non, pas en ce moment. Le 3 %, c’est  une moyenne historique, si on veut, et ça se base sur l’idée que, bon, en  moyenne le marché revient à son équilibre, ce qui est une idée on peut dire  simpliste…
00:06:32
CHARLES: D’accord.
00:06:32
KEVIN: …mais qui est une règle du pouce, si  on veut.
00:06:33
CHARLES: D’accord.
00:06:33
KEVIN:
On n’est certainement pas à 3 % et  rares sont les centres même moyens et de haute population qui sont à 3 %.  On est vraiment plus autour de 1 %. Et puis on a connu l’impact que dans  le passé plus lointain, où le taux descend en bas de 1 %. Il y a des  situations beaucoup plus préoccupantes qui arrivent à ce moment-là.
00:06:58
CHARLES:
Un des indicateurs qu’on a développés pour  mesurer un peu la santé d’un marché, c’est le taux de roulement et l’impact que  ceci peut avoir dans le marché. Pouvez-vous expliquer un peu ce phénomène et ces  données? Qu’est-ce que ça veut dire pour la santé d’un marché, par exemple?
00:07:25
KEVIN: Depuis quelques années, on mesure le  taux de roulement au sein de notre enquête locative, dans un marché qui est  plus détendu, par exemple, où l’offre est relativement plus abondante. Bon, les  gens ont le choix et on s’attend à ce que le taux de roulement augmente et, inversement,  dans des marchés très serrés, comme c’est le cas aujourd’hui dans presque tous  les centres au Canada. Alors, effectivement, on voit que le taux de roulement  est en baisse et ça fait que les gens restent plus longtemps dans leur  logement. Les impacts ne sont quand même pas négligeables, parce que lorsqu’on  pense à un ménage qui a une vie, il peut y avoir des enfants qui arrivent et  tout ça et le logement peut ne plus être adéquat, selon les besoins.
00:08:15
CHARLES: Selon les changements.
00:08:15
KEVIN: Effectivement. Donc, le ménage peut  chercher ailleurs. Mais dans un marché qui est très serré, ça peut être très  difficile et donc la personne… le ménage peut peut-être rester plus longtemps  que normal dans un logement qui est moins approprié pour ses besoins. Donc, il  y a ce phénomène-là qui est différent, qui est difficile. Mais aussi la  comparaison du loyer, lorsque le logement devient vacant comparativement au loyer  qui était en vigueur lorsque la personne… lorsqu’un ménage l’occupait. Là aussi  on voit des différences.
00:08:48
CHARLES:
Donc, ce qui nous apporte au phénomène du  taux de roulement et l’impact sur les loyers. Pourriez-vous un peu éclairer nos  auditeurs, nos téléspectateurs un peu sur ce que ça implique?
00:09:00
KEVIN:
On a voulu regarder, décomposer si on veut  le loyer moyen entre un loyer pour des logements qui sont occupés versus ceux  qui, donc il y a eu un roulement, sont maintenant vacants.
00:09:15
CHARLES:
D’accord.
00:09:16
KEVIN : Parce que quelqu’un qui arrive  sur le marché, ce sont ces logements qu’il va regarder. Donc, effectivement,  tel qu’attendu, il y a des différences et les différences ne sont quand même  pas négligeables. On parle de, disons, jusqu’à 13 % en moyenne de  différence dans le loyer pour le Canada. Entre un loyer, un appartement qui  vient d’être…
00:09:15
CHARLES:
Donc, un appartement qui devient libre est  13 % plus dispendieux, c’est ça?
00:09:46
KEVIN:
En moyenne au Canada, c’est 13 %. Mais,  par contre, dans certains centres c’est bien au-delà de 13 %.
00:09:51
CHARLES: Au-delà de 13 %. C’est la  moyenne. D’accord.
00:09:56
KEVIN: Oui, c’est ça. Donc, c’est majeur. Mais  ça s’explique quand même, parce qu’il y a… Comme, bon, quelqu’un qui veut  vendre, par exemple, sa voiture, il va regarder quel est le prix pour telle  voiture de tel et tel âge. Bien, c’est un peu ce qui arrive pour un  propriétaire. Il va regarder la moyenne qui est demandée en ce moment, puis ça  sera le loyer. Donc, c’est sûr qu’il y a une disjonction entre le loyer pour  lequel quelqu’un a habité pendant 10 ans, qui a évolué doucement, et quelque  chose qui vient d’être libéré.
00:10:34 
CHARLES: Tout à fait.
00:10:36
KEVIN: À cela on peut regarder, donc, la durée  d’occupation est un facteur. On s’est aussi intéressé à décomposer les villes  selon les régions, où il y avait des contrôles de loyer et d’autres où il n’y  en avait pas. On a remarqué plus en …
00:10:54
CHARLES: Comme on voit au Québec et dans d’autres  provinces.
00:10:56
KEVIN: Oui, le Québec, mais il y a d’autres  provinces, il y a plusieurs autres provinces dont c’est le cas. On a trouvé  aussi que le loyer des logements il y a eu un roulement et fortement supérieur.  Ça s’explique aussi parce que, bon, le contrôle de loyer est une protection  pour le court terme, disons, pour un locataire, pour s’assurer que les  augmentations soient gérables, disons, financièrement. Mais à terme, lorsque le  logement devient vacant, là, le loyer se réajuste parce que, bon, par exemple,  le propriétaire doit dépenser pour remettre l’unité de logement à niveau, il y  a des réparations, il y a des renouvellements, il y a ces choses-là et ça  explique, et aussi le marché courant qui explique la hausse. Alors, il y a l’impact  court terme, protection du locataire, mais il y a aussi l’impact sur les gens  qui arrivent sur le marché. Si on reprend l’exemple, disons, d’un ménage qui  est en logement et a vu sa situation familiale changer et voudrait même avoir  un plus grand logement ou, inversement, un ménage qui avait des enfants puis  qui voudrait un plus petit logement, paradoxalement, même un logement de plus  faible taille dans le marché courant peut être même plus dispendieux que son  logement plus grand. Donc, il y a ça aussi. Alors, lequel l’emporte? Finalement,  c’est un peu la question. Est-ce que c’est la durée? Est-ce que c’est les  contrôles de loyer? À ce stade-ci, ça ne fait que deux ans qu’on a cet  indicateur, on est en train de le regarder pour un peu faire la part des  choses, pour examiner un peu quel effet le remporte. C’est possible que selon l’année  de l’enquête ç’a une incidence. C’est qu’on ne peut pas vraiment dire qu’année  après année ça va être le même phénomène qui l’emporte. C’est donc un peu où on  en est en ce moment.
00:12:57
CHARLES: On parle des locataires, mais on n’a  pas vraiment exploré l’autre côté de la médaille, soit les propriétaires de  logements locatifs. Qu’est-ce que tout ça représente pour ce segment de la  population, ceux qui ont des logements locatifs?
00:13:11
KEVIN: Oui. Bien, les propriétaires, ce  sont des gens d’affaires; pour certains, c’est leur gagne-pain; et on a les  plus grandes entreprises. Alors, ils s’intéressent bien entendu à ces résultats  pour se comparer au marché, pour voir un peu qu’est-ce qui se passe pour des  fins d’opérations. Et puis c’est sûr que là ils sont dans un contexte où le  taux de roulement est moins bas… est moins élevé. Donc, ça veut dire qu’il y a  des logements qui prennent de l’âge et tout ça. Donc, anticiper le moment où il  y aura une augmentation du taux de roulement, ça voudra dire des dépenses d’immobilisations  plus importantes. Alors, ça, c’est quelque chose. C’est des informations  opérationnelles importantes.
Et puis, dans un cadre un peu plus large, on  parle du manque d’offre sur le marché canadien du logement tout court, pas  juste au niveau du logement locatif. Le secteur privé est l’acteur principal  dans cette affaire. Lorsque l’enjeu ici, c’est d’avoir un contexte où les  incitatifs pour augmenter l’offre ne font pas en sorte de décourager les  demandeurs, de faire en sorte qu’on puisse avoir un logement abordable, mais  aussi que les incitatifs soient là pour le secteur privé. C’est ça qui est très  difficile en ce moment, c’est d’établir cet équilibre : suffisamment d’incitatifs  sans avoir une situation où les locataires sont vraiment dans des situations  précaires, ce qui est le cas maintenant.
00:14:52
CHARLES: Pour revenir au Rapport, son  utilité et son importance auprès de l’industrie, qu’est-ce qu’on peut s’attendre  à l’avenir pour cette publication et le travail que la SCHL fait derrière la  scène pour informer la population sur ce segment de l’économie si important?
00:15:16
KEVIN: L’enquête locative existe depuis  plusieurs décennies et c’est vraiment la référence au Canada pour un regard sur  le marché lui-même, mais aussi le marché en détail. On a parlé des grands  centres, mais il y a énormément d’informations à un niveau des zones ou des  types de logements. Alors, il y a vraiment une mine d’informations. Ça, ça va  continuer. On veut développer davantage les indicateurs d’abordabilité, creuser  plus au niveau du loyer pour des logements vacants où il y a eu un… Donc, regarder  cette chose-là plus en profondeur et aussi regarder les possibilités d’analyser  le marché entre les enquêtes, parce que c’est une enquête annuelle, mais on  sait que le marché évolue entre les deux enquêtes. Donc, d’avoir peut-être l’information  à plus haute fréquence, qui serait complémentaire à cette enquête. Mais  vraiment, ça ne serait pas quelque chose pour le remplacer, parce que c’est  vraiment très détaillé en tant que tel, et de s’assurer que nos angles morts  sont de plus en plus couverts. On a quand même fait, je pense, des avancées  majeures avec justement le loyer, en particulier. On n’a pas parlé du marché  secondaire, mais c’est un marché aussi qui est très serré en ce moment. On  parle d’autour de 1 %, le marché des copropriétés en location. Il fut un  temps où, si on comparait le loyer moyen d’une copropriété en location  comparativement à un loyer locatif traditionnel comme on dit, la différence  était majeure. Maintenant dans certains marchés, c’est presque le même loyer.  Donc, ça témoigne davantage comment le marché est très, très serré au Canada.  Regarder d’autres, disons, des données administratives, des données qui  pourraient nous aider à voir encore plus en profondeur.
00:17:21
CHARLES: C’est un marché extrêmement  dynamique. Et puis demeurer à l’affût de ce qui se passe, je pense que c’est  quelque chose sur laquelle on doit focusser.
00:17:31
KEVIN: Tout à fait.
(Musique)
00:17:32
CHARLES: Alors, merci beaucoup, Kevin, ç’a  été très informatif, puis d’avoir pris le temps de nous parler des résultats du  Rapport du marché locatif 2024.
00:17:41
KEVIN: Merci.
00:17:42
CHARLES: Et merci à nos auditeurs. Veuillez  consulter la description ci-dessous pour obtenir une copie du Rapport complet.  N’hésitez pas à nous faire part de vos commentaires sur le Rapport et sur cette  discussion. Et, bien sûr, restez à l’écoute pour d’autres conversations avec  nos experts en matière de logement. N’oubliez pas non plus de vous abonner à  notre Infolettre et à nos médias sociaux.
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(La musique s’estompe.) 
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